Acrylique

Abstraction… peut-être (2)

Espace temps

Recherches sur papier - Acrylique et pastel gras.


Au fil de mes recherches, j’ai souvent été attiré par les marques picturales du temps qui passe sur le monde qui nous entoure. Implacable et inexorable, la temporalité de la vie bouscule et interroge. Comme l’incessante mouvance des eaux marines, elle amène des sentiments contradictoires que chacun s’approprie suivant sa sagesse, sa colère, sa lucidité ou sa résignation. Mais plus que l’impact du temps sur l’humain, j’aime observer les traces picturales laissées par les années sur une boiserie fatiguée d’être repeinte, les taches informelles parsemant le crépi fatigué, estompe de couleur parcourues de coulures sans contrôle, accident. Je pense aux façades cubaines, je revois les palissades de bois flottés que le sel a poli, je me rappelle les embarcations de pêche aux flancs vieillis et colorés sur des rives exotiques. Douceurs pastel que libéreront peut-être sur ma toile, les jus colorés d’un bel outremer, mélanges sombres et hasardeux parfois.

 

« Un vieux mur n’est jamais "bâclé", comme peut l’être un tableau. Le temps y travaille et prend son temps. Il laisse agir le hasard, sans rien laisser au hasard ! Qu’on y introduise subrepticement une couleur criarde, une tache rebelle, quelques semaines lui suffisent pour les harmoniser. »

 Extrait d’un texte de Brassaï – « Graffiti » - 1960

 

Cherchant cette harmonie qu’évoque le texte de Brassaï, j’ai aussi retrouvé le trait, la ligne, présence adoucie d’un graffiti passé, d’un dessin naïf, enfantin, gratuit. Sur les toiles récentes, j’ai laissé cheminer, prendre forme, se répéter, se chevaucher, disparaître puis resurgir, sans écrire, sans signifier aussi, juste une présence voulue, juste un geste, un parcours. J’ai cherché l’équilibre en respectant la dynamique abstraite de mes paysages.