Peinture


Acrylique

Abstraction… peut-être (1)

 

J’ai laissé un temps le pastel crayeux et poudreux, j’ai écarté son empreinte poussiéreuse et sa sournoise invasion. Je n’ai pas oublié la main colorée de matière pour faire traîner mes doigts sur le support, délaissant parfois le pinceau trop distant. La toile est un autre espace, un champ élargi, un support ouvert, un lieu d’incidents, de coulures, de ratures, de mouillage, d’ancrage et de possibles encore.

Les toiles ont offert l’espace, l’acrylique la spontanéité et la rapidité de la mise en œuvre avec les aspects pratiques d’une technique à l’eau.

Paysages

La simplicité du mot s’est révélée au fil d’une première série de toiles. Un paysage s’offre d’abord à tous dans sa géographie concrète : une plage à marée basse, une vigne d’automne, un village aux toits d’ardoise. Le verdict est clair, le regard sans ambiguïté et l’accord partagé. Puis viennent les impressions, les sensations, les interprétations de chacun, la liberté si personnelle de bâtir ses paysages intérieurs. Palettes du peintre, si diverses, jamais insignifiantes. Joie d’une couleur pour l’un, tristesse pour l’autre. Agitation ou sérénité, violence ou paix, vide ou plein, les lectures diffèrent.

 J’ai voulu me libérer de l’explicite qui m’encombrait quelquefois. J’ai regardé autrement. J’ai isolé, recadré et découvert un chemin plus intime au sein de mes recherches. Le visible a changé, laissant venir d’autres interprétations, d’autres histoires, d’autres paysages. Arrivent un temps de réflexion et de questionnement, puis un besoin d’espace pour libérer et préciser les sentiments. Le fleuve impétueux se dématérialise, les rives ne demeurent jamais loin. Renouveler sans effacer : paysages, voyages, îles lointaines, lignes incertaines, souvenirs, réminiscences. L’abstraction est venue du regard.

 

A l'atelier